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Filière L'Aïd el Kebir met en relief les problèmes de la filière de la viande halal

Les difficultés de l'abattage rituel pour l'Aïd el-Kebir, la fête musulmane du sacrifice, illustrent la nécessité de mieux organiser la filière de la viande halal, c'est à dire la viande licite pour l'islam, estiment des spécialistes.

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« On ne peut résoudre le problème de l'Aïd sans voir le problème du halal toute l'année », juge Abdelkader Arbi, président du Conseil régional du culte musulman de la Haute-Normandie et rapporteur de la commission halal du Conseil français du culte musulman (CFCM).

La consommation ne cesse d'augmenter depuis quinze ans

Chaque année, les musulmans se plaignent de l'insuffisance d'abattoirs susceptibles de pratiquer correctement le sacrifice pour la grande fête de l'Aïd el-Adha. Plus globalement, alors que la consommation de viande halal ne cesse d'augmenter depuis quinze ans, ce marché reste opaque et la confiance des consommateurs faible.

La filière halal devrait être discutée lors du prochain conseil d'administration du CFCM, le 13 février. Il s'agit de proposer des procédures de qualification ou de certification pour gagner l'adhésion des consommateurs.

L'idée d'une taxe sur la viande halal, évoquée par certains comme moyen de financement pour la future Fondation de l'islam, reste très controversée. Les professionnels du secteur la rejette et elle risque de faire grimper les prix.

Presque 300.000 tonnes/an en France

Fin mars, à l'occasion du rassemblement annuel de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) au Bourget, une étude qualitative et quantitative sera réalisée par des universitaires sur la consommation de produits halal, selon Abdelkader Arbi. Une « agence du halal » sous forme d'une association loi 1901 est également en projet, ajoute-t-il.

Le marché de la viande halal représente 150 milliards de dollars par an dans le monde, selon une estimation citée par l'anthropologue Florence Bergeaud-Blackler (CNRS).

La France, où la production de viande halal est estimée à presque 300.000 tonnes/an, compte plus de 3.000 boucheries artisanales halal, contre 2.000 voilà cinq ans, selon Hervé Terrel dans Les Cahiers de l'Orient (printemps 2004). Et les gondoles halal se multiplient dans les grandes surfaces.

Mais une enquête menée par la mission agro-développement pour la direction régionale de l'Agriculture d'Ile de France en 1995 concluait que seulement 50 à 65 % de la viande vendue sur le marché était authentiquement halal.

L'animal doit être égorgé vivant selon les principes de l'islam

Des poursuites ont été engagées plusieurs fois ces dernières années à Rungis contre des opérateurs pour falsification et tromperie. Et rien qu'en Ile de France le nombre d'abattoirs voués en partie au halal est insuffisant, ils sont souvent peu rentables et parfois vétustes.

Pour qu'une viande soit halal, l'animal doit être égorgé vivant selon les principes de l'islam, ne contenir aucune substance illicite (haram) et ne provenir d'aucune espèce interdite comme le porc. Durant le transport, la viande ne doit pas entrer en contact avec de la viande illicite.

Trois grandes mosquées sont actuellement autorisées à délivrer la carte de sacrificateur : celles de Paris, Lyon et Evry. Mais elles n'ont pas de contrôle sur ce qui se passe après l'abattage.

Seule la mosquée de Lyon s'est dotée d'un organisme de certification, les deux autres délivrent simplement des habilitations. Du coup, les sociétés privées de certification se sont multipliées ces dernières années sur ce marché juteux, comme AVS, MCI, SFCVH, Arrissala ou Karama.

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